L’exploration et la prise en charge des affections thyroïdiennes reposent aujourd’hui sur une approche pluridisciplinaire. De nombreuses techniques sont ainsi utilisées en médecine pour offrir une meilleure prise en charge aux patients. Principalement en médecine nucléaire, la scintigraphie thyroïdienne est l’examen de référence pour suivre le développement et l’évolution des pathologies de la thyroïde. Mais de quoi s’agit-il ? Découvrez dans cet article les explications de nos experts sur la scintigraphie thyroïdienne, son déroulement et les résultats à espérer.
Qu’est-ce qu’une scintigraphie thyroïdienne ?
Réalisée en médecine nucléaire, la scintigraphie thyroïdienne est un examen qui explore la morphologie et le fonctionnement de la thyroïde. Cette petite glande située à la base du cou joue un rôle primordial dans le contrôle de certains mécanismes au sein du corps. Elle sécrète de nombreuses hormones comme la T3 et la T4 qui régulent le métabolisme, la température, etc.
La physiologie de la thyroïde l’expose à de nombreuses pathologies comme l’hyperthyroïdie ou l’hypothyroïdie. En imagerie médicale, la scintigraphie thyroïdienne permet ainsi de mieux étudier la glande pour comprendre son fonctionnement et les pathologies qui l’affectent. L’examen consiste à administrer un radiotraceur, de l’iode 123 ou le technétium 99 métastable au patient. Le produit va se localiser sur la glande et envoyer un signal qui sera détecté par un équipement spécifique.
Pourquoi faire une scintigraphie de la thyroïde ?
La scintigraphie thyroïdienne est indiquée dans plusieurs situations. Elle peut être réalisée dans le cas des indications basées sur des essais contrôlés, méta analyses, etc.
Le diagnostic étiologique d’une hyperthyroïdie
La scintigraphie de la thyroïde est beaucoup plus utilisée en médecine nucléaire pour le diagnostic étiologique d’une hyperthyroïdie. Elle se base en effet sur la fixation thyroïdienne du produit radioactif pour apprécier le fonctionnement de la glande et procéder à une classification. Avec cette exploration, il est possible de différencier les thyroïdites aiguës et indolentes de la maladie de Basedow. S’il y a une atteinte nodulaire, les spécialistes peuvent également faire la différence entre les nodules autonomes hyperfonctionnels et les nodules hyperfonctionnels associés à une autonomie diffuse.
La scintigraphie thyroïdienne pour une hyperthyroïdie est généralement demandée à la suite d’examens cliniques et biologiques. Surtout lorsque le taux de TSH est en dessous de 0,1 mU/L et qu’un diagnostic formel n’est pas posé. Elle devient ainsi l’examen de choix parce qu’elle permet d’explorer à la fois la morphologie et le fonctionnement de la glande. L’examen peut également servir dans les cas d’hyperthyroïdie nodulaire avec une atteinte nodulaire ou multi-micronodulaire et un taux de TSH inférieur à 0,6 mU/L.
Test diagnostic et thérapeutique en présence d’une hyperthyroïdie avec surcharge iodée
La scintigraphie de la thyroïde joue un rôle très important dans la prise en charge des affections thyroïdiennes. Elle permet de poser un diagnostic précis en séparant les hyperthyroïdies induites par amiodarone et celles aggravées par l’amiodarone. Cette exploration permet donc de choisir la thérapie la plus adaptée entre les antithyroïdiens de synthèse et les glucocorticoïdes. La scintigraphie thyroïdienne est par ailleurs très utile dans la surveillance stricte de la pathologie qui touche à la glande.
Diagnostic étiologique d’une hypothyroïdie chez le nourrisson
L’examen peut aussi être réalisé chez les nouveau-nés. Il se fait surtout en présence des signes d’une hypothyroïdie congénitale. Cette affection peut être d’origines multiples :
- Athyréose ;
- Ectopie thyroïdienne ;
Elle se remarque surtout par des troubles de l’hormonogenèse. Et pour la diagnostiquer, il est préférable d’envoyer le nourrisson dans l’unité de médecine nucléaire d’un CHU ou d’un CHR.
Mise en évidence d’un goitre multinodulaire
La scintigraphie thyroïdienne est d’autant plus intéressante dans l’exploration d’un goitre multinodulaire. Elle permet en effet d’étudier la répartition du traceur radioactif sur l’ensemble de la thyroïde. Il est ainsi possible d’identifier les nodules autonomes, d’observer les extensions médiastinales et de savoir quels nodules prélever ou pas.
Comment se préparer pour une scintigraphie thyroïdienne ?
La scintigraphie de la thyroïde, peu importe son indication, est un examen assez délicat. Sa réussite passe par l’application d’un protocole dûment élaboré, et aussi une bonne préparation du patient. Le patient n’a pas à être à jeun. Mais, il faut arrêter la prise de tout médicament et produit visant à réduire l’activité thyroïdienne avant l’examen.
Les traitements à base d’hormones thyroïdiennes par exemple doivent être arrêtés 7 à 15 jours avant l’examen. Les antithyroïdiens synthétiques quant à eux doivent être interrompus 7 jours avant une scintigraphie de la thyroïde. Les personnes qui ont subi récemment une radiographie avec injection de produit de contraste iodé doivent quant à elles attendre minimum 1 mois pour faire une scintigraphie thyroïdienne. N’oubliez par ailleurs pas de vous présenter au sein du service avec vos précédents examens, les tests biologiques et l’échographie cervicale si elle est réalisée.
Comment se déroule la scintigraphie thyroïdienne en médecine nucléaire ?
Comme c’est le cas pour une scintigraphie osseuse, la scintigraphie thyroïdienne se déroule en deux temps. Dans la première phase, le technologue en médecine nucléaire injecte un radiopharmaceutique au patient. Ce dernier sera ensuite positionné sur la table pour la prise des images.
Première phase de l’examen : injection du produit radioactif
Dans la première phase de la scintigraphie thyroïdienne, le technicien injecte un radiotraceur par voie intraveineuse dans le bras du patient. Il s’agit en effet d’une substance radioactive ayant un tropisme pour la glande thyroïde. En médecine nucléaire, le produit utilisé est généralement composé d’iode 123 ou du pertechnétate de sodium (99mTcO4-).
Avec l’iode-123, le patient doit attendre entre 1 à 3 heures, le temps que le produit se fixe convenablement sur la glande avant de passer à la scintigraphie proprement dite. Pendant ce temps, il peut se promener dans la salle d’attente ou sortir faire ses courses, mais en évitant les femmes enceintes et les enfants. Par contre, lorsqu’il est utilisé le technétium 99 métastable, l’acquisition se fait 30 minutes après l’injection.
L’acquisition des images en scintigraphie de la thyroïde
Quelques minutes après l’injection, le patient est admis dans une salle d’examen. Il retire tous les objets métalliques sur son corps et se couche ensuite sur la table durant environ 20 à 30 minutes pour la prise des images. Pendant ce temps, il est assez important de maintenir son calme et de ne pas bouger. L’appareil, une gamma caméra se charge de prendre les images. Il est placé le plus près possible du cou pour garantir une très bonne qualité des images. Les clichés pris de la thyroïde peuvent ensuite être examinés pour des prises de décision.
Les contre-indications et précautions à prendre pour une scintigraphie de la thyroïde
La grossesse est une contre-indication à la réalisation de tout type de scintigraphie. L’injection du radiopharmaceutique peut en effet affecter l’évolution du fœtus. Pour éviter tout risque, les femmes enceintes ne doivent pas réaliser cet examen. Celles qui ont un retard des règles doivent ainsi passer un test sanguin pour la recherche d’un embryon en développement.
Les femmes allaitantes doivent quant à elles arrêter l’allaitement pendant quelques jours après l’injection du radionucléide. Pendant ce temps, il est même conseillé de vider le lait maternel et de le jeter. Il est par ailleurs conseillé de s’éloigner des petits enfants pendant les 24 h après l’examen.
Comment lire les résultats d’une scintigraphie thyroïdienne ?
La scintigraphie de la thyroïde est associée aux autres examens réalisés par le patient en vue d’apporter une explication sérieuse aux troubles de la glande. En observant donc l’échographie cervicale et le taux de TSH, le médecin-nucléariste peut identifier les causes d’une hyperthyroïdie et mieux caractériser les nodules thyroïdiens. Le détail des observations vous sera rendu dans une enveloppe à transmettre à votre médecin traitant.
En fonction des observations effectuées, une cytoponction peut être demandée pour plus de précision. Les résultats obtenus permettent de savoir quelle thérapie mettre en place. Il peut s’agir d’une simple thérapie médicamenteuse, ou même une thyroïdectomie accompagnée de l’administration du nouveau Levothyrox.
Quels sont les effets secondaires d’une scintigraphie thyroïdienne ?
L’examen est indolore et le produit de contraste qu’il s’agisse de l’iode ou du technétium est injecté en très faible quantité. Cela annihile pratiquement le risque d’allergie. De façon générale, cet examen ne présente pas de risque particulier relatif à l’irradiation. Il peut donc être réalisé chez le jeune enfant.
Que faire après l’examen ?
Une fois que l’examen est terminé, vous pouvez reprendre les traitements qui ont été interrompus. Il est cependant recommandé de prendre beaucoup d’eau pour faciliter l’élimination du produit au sein de l’organisme. Vous pouvez utiliser normalement les toilettes publiques, mais en prenant le soin de respecter les règles d’hygiène habituelles. Certains lieux (aéroports, postes de frontière) sont pourvus de détecteur de radioactivité. Si vous devez voyager dans les heures qui suivent, exigez un certificat qui indique le produit que vous avez reçu.
FAQ
Combien de temps dure une scintigraphie thyroïdienne ?
La durée de cet examen varie en fonction du produit injecté. Avec le technétium, il faut compter environ 2 h, mais pour l’iode-123, l’examen peut durer entre 3 h et 4 h.
Quel est le prix de l’examen ?
Le prix d’une scintigraphie thyroïdienne varie en fonction de la structure dans laquelle elle est réalisée. Mais, la facture tourne en général autour de 100 euros, et elle peut être remboursée par la sécurité sociale.
Où faire une scintigraphie thyroïdienne ?
La scintigraphie thyroïdienne peut se faire dans toutes les unités de médecine nucléaire au sein des CHU ou des cliniques.
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